Centième chronique
- René Goyette
- 30 août
- 4 min de lecture

Au Mexique, en septembre 2020, je me fais le pari d’écrire cent chroniques en cinq ans. L’idée me vient de l’écrivain Vialatte, la motivation me vient de l’isolement créé par le COVID.

Le-virus-qu'on-veut-oublier
Quand le COVID frappa le monde, au début de l’année 2020, j’habitais dans le sud du Mexique dans un petit village de pêche sur le bord du Pacifique depuis juillet 2019. Dans mon hamac sur le bord de la mer, je regardais sur ma tablette les bulletins d’information de Radio-Canada. De février à décembre 2020 au Québec c’était la panique, les masques, les confinements, les fermetures d’endroits publics.

Tranquilo
Le « vent du COVID » prit beaucoup de temps à se rendre au Mexique. Ce ne fut qu’au début mai que les autorités mexicaines commencèrent à agir. Le virus ayant finalement été pris au sérieux dans les grosses villes comme Mexico et Oaxaca. Ces mégapoles de millions d’habitants étant des plaques tournantes pour les voyages internationaux, elles étaient un terrain fertile pour le virus.

Dans mon village, personne n’a jamais porté de masque (à part quand vous alliez voir le médecin qui lui l’exigeait). Il fallut jusqu’au mois de juillet pour voir apparaître les premières restrictions dans le hameau. Des brigades policières passèrent dans les pueblos (villages) distribuant aux commerces des dépliants de règles de protections obligatoires. Seul changement visible après l’intervention : aux entrées des magasins des petits plats d’eau avec du savon à vaisselle…

On ferme
Même si mon village était loin des grands centres, il ne fut pas épargné par le vent de panique que provoquèrent les fortes contaminations de la capitale. De sorte qu’au mois d’août on ferma mon école d’espagnol ainsi que les bars et restaurants. Durant un mois, on alla même jusqu’à fermer les villages. Des barrages (blocados) furent érigés afin d’empêcher l’entrée de tous étrangers et la sortie de quiconque n’avait pas une autorisation de la mairie.
L’isolement

La fermeture des cafés, des restos et de mon école fut fatale pour ma routine d’expatrié. Je passais une partie de l’avant-midi à lire et écrire à ma table(réservée) à l’ombre sur la terrasse face à la mer du Cometa Café. Trois après-midi par semaine, j’allais à l’école d’espagnol; et tout à coup, plus rien. Au moins il me restait la mer et l’écriture.
C’est là que me vint l’idée d’écrire des chroniques en m’imposant une fréquence de parution. Ce serait une façon de me contraindre à écrire fréquemment en suivant un rythme de parution aux deux semaines. Afin d’avoir un objectif à long terme, je fixai le projet à cent chroniques en cinq ans. Tout en étant un défi d’assiduité, le projet allait garder mon écriture en forme tout en alimentant mon insatiable curiosité et mon besoin viscéral d’apprendre.
Alexandre Vialatte
C’est Bernard Chabot (Dieu ait son âme), le seul génie parmi mes amis, qui me donna un jour trois livres d’Alexandre Vialatte en me disant :
« Tiens je crois que ça va t’intéresser et t’inspirer. Vialatte écrivait des chroniques périodiques dans des journaux. Comme tu excelles dans l’écriture de nouvelles et d’histoires courtes, j’espère que ça t’incitera à faire de même. »
La lecture des trois bouquins fut comme une révélation. J’allai proposer au quotidien de Sherbrooke une chronique hebdomadaire sur la culture et la vulgarisation de tous les mystères et curiosités qui nous entourent. On refusa opposant le fait que ce genre de « colonne » ne se faisait plus et qu’en produire une demandait l’assiduité d’un journaliste expérimenté qui a « du souffle ». « Vous devriez le faire vous-même sur internet ».
1, 2, 3, go
Donc, à la fin du mois d’août 2020, je réservai une adresse internet où j’allais nicher ce que je baptisai les Chroniques à ne pas lire. Je m’imposai les contraintes suivantes :
- Une publication le samedi toutes les deux semaines
- Des sujets qui peuvent toucher tout le monde
- Des textes qui instruisent et apprennent
- Évitements de propos portant à la controverse
- Des recherches rigoureuses
- Des références complètes
- Toujours maintenir deux textes d’avance
- Écrire cent chroniques

En deux semaines, j’écrivis les trois premiers textes et c’est le 19 septembre 2020 que parut la première chronique.

Des lecteurs ?
Ayant publicisé l’apparition des chroniques sur les réseaux sociaux, l’audience augmenta graduellement. La possibilité de s’abonner créa le premier bassin de lecteurs fidèles. Durant la première année, l’audience atteignit entre 200 et 300 visiteurs par mois.
L’adhésion à plusieurs sites et pages Facebook traitant de littérature, de sciences, de politique, de vulgarisation scientifique permit de quadrupler les visites tout en multipliant les visiteurs de plusieurs pays sur le continent et à l’étranger.
Cent questions, cent sujets
Finalement, à partir de lectures et de recherches, j’ai réussi à écrire cent textes et je n’ai jamais manqué de sujets (et j’en ai encore). Cent sujets, cent questions.

Cent sujets, cent premières pages
Quelles soient composées d’images libres de droits, d’illustrations orphelines ou d’images générées par l’IA (intelligence artificielle) les premières pages ont toujours été un côté plaisant de la fabrication des chroniques.


La propagation
Ce qu’il y a de merveilleux de l’internet, c’est comment les publications peuvent se répandent partout sur la planète. En cinq années, les chroniques du site ont fini par être diffusées par plus de 52 groupes Facebook et un site de « vente de contenu » ou des traductions anglaises sont disponibles.

Les statistiques révèlent la présence de visiteurs de partout sur la planète; ce qui révèle qu’il y a des francophones et des curieux tout le tour du globe.

Épilogue
Cinq ans à écrire un texte aux deux semaines, cent sujets à creuser, cinq ans où j’ai appris énormément. Et ça continue, il y a encore beaucoup à dire, à scruter, à décortiquer et à expliquer.
Dans la dernière année, les Chroniques à ne pas lire devinrent les Chroniques du curieux. Les gens devenant de plus en plus méfiants, certaines personnes croyaient que le « à ne pas lire » supposait des contenus défendus ou complotistes. Le changement a résolu le problème.
Merci aussi à ceux qui n’ont pas lu
Références
Wikipedia - Alexandre Vialatte
Tous les livres de Vialatte
Vente de contenu et versions anglaises











Bravo pour tes cinq ans et pour ta discipline😆; tu vas sûrement continuer de grandir en écrivant ainsi.
Woaw! Je ne savais pas que l’idée avait prit naissance de cette façon, cool.
Bravo